Se rendre au travail, un stress en soi

Excédés par les nid-de-poule, le traffic, le manque de civisme des autres conducteurs et les rues barrées par la construction? Des milliers de travailleurs sont dans le même bateau, et les conséquences d’un long trajet en voiture pour se rendre au travail peuvent dépasser le simple agacement. Il peut contribuer à l’épuisement professionnel.
Annie Barreck, Candidate au doctorat en relations industrielles de l’UdeM et membre de l’équipe de recherche sur le travail et la santé mentale (ERTSM), s’est penchée sur la question dans le cadre d’une étude portant sur les liens entre le transport et l’épuisement professionnel.
Conclusion? Le déplacement de façon quotidienne pour se rendre au travail peut être un facteur de stress et il n’y a pas un moyen de transport meilleur qu’un autre. En fait, tout dépend de où on habite, et où on travaille. «En région urbaine, c’est mieux de prendre le transport en commun. Mais en banlieue ou en région, la voiture peut être une meilleure alternative pour la santé mentale», explique Annie Barreck.
Se sentir en contrôle
En fait, tout revient au sentiment de contrôle que détient l’individu. D’un contexte à l’autre, la situation change. Malgré tout, la meilleure option demeure d’être passager! «Dans le cadre de mon étude, j’ai remarqué que le fait d’être passager et non conducteur était favorable pour le niveau de stress et la performance au travail», souligne la chercheure. «Bien qu’il ne conduise pas, le passager semble se sentir plus en contrôle, et ressent moins de contraintes au niveau du transport», continue-t-elle.
C’est d’ailleurs pourquoi en ville le transport en commun offre ce sentiment de contrôle aux travailleurs tandis qu’en banlieue, où les routes sont peut-être moins achalandées et le système de transport en commun moins élaboré, c’est le contraire.
20 minutes, top chrono
Pour limiter les effets négatif du transport vers le travail, on recommande un trajet d’au plus 20 minutes et ce, eu importe le lieu ou le mode de transport. Or, ce chiffre est assez irréaliste, semble-t-il. En effet, les travailleurs ont besoin d’en moyenne 32 minutes chaque matin pour se rendre au boulot. «Quand ça prend plus de 35 minutes, c’est le degré de cynisme envers l’emploi qui grimpe… », fait valoir Annie Barreck à la lumière de son étude.
Concrètement, qu’est-ce qui peut être fait pour remédier à la situation? Du coté des employés, pas grand-chose, à part favoriser un lieu de travail qui ne nécessite pas trop de déplacements. On peut aussi choisir d’habiter près du transport en commun.
Du coté de l’employeur, des incitatifs peuvent être pris afin d’encourager le covoiturage, par exemple. Mais surtout, on devrait offrir un peu plus de flexibilité quant à l’heure d’arrivée au travail. «Le stress serait de beaucoup réduit si les employés n’étaient pas effrayés à l’idée d’arriver 15 minutes en retard», croit Annie Barreck. Dans la mesure du possible, le télétravail pourrait également contribuer à diminuer les déplacements.