Pourquoi attendre l’obtention du diplôme et les petites annonces quand on peut être classé pendant ses études pour une carrière à l’international?

Le recrutement sur campus n’est pas un phénomène nouveau, surtout en Amérique du Nord, prévient Tania Saba, professeure titulaire à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal et spécialiste de la mobilité professionnelle. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que ce type d’embauche s’internationalise fortement. Avec une concurrence accrue sur un marché du travail mondialisé, les multinationales intensifient leurs efforts pour capter au plus tôt les meilleurs éléments.

Pour les entreprises, planter des stands quelques jours par an dans les écoles et les universités présente de multiples avantages. Tout d’abord, c’est un moyen très efficace de se faire connaître auprès des finissants. Dans les secteurs où le marché de l’emploi est tendu, aller recruter les futurs diplômés au berceau permet de prendre une longueur d’avance sur la concurrence.

Ensuite, cela permet aux entreprises de mieux cibler les candidats. « Le recrutement sur campus, c’est un peu l’inverse des journées portes ouvertes que les entreprises organisaient avant chez elles. C’est plus efficace, parce que les portes ouvertes sont par définition des événements ouverts à tous, alors qu’avec le recrutement sur campus, l’entreprise va chercher ce dont elle a besoin en choisissant les institutions d’enseignement », explique Mme Saba.

Embauche planétaire
Mais surtout, c’est un mode de recrutement très adapté aux carrières internationales dont les entreprises de taille mondiale ont de plus en plus besoin. « Les finissants sont la plupart du temps jeunes et sans enfant, ce sont donc de meilleurs candidats à l’expatriation », illustre Mme Saba. En outre, enrôler une force de travail avec peu ou pas d’expérience professionnelle n’est pas un inconvénient dans ce cas. Au contraire, l’organisation peut alors finir la formation de ses nouvelles recrues à interne par un stage ou un jumelage et leur inculquer ainsi plus efficacement sa culture d’entreprise, de produits et de marché.

Le recrutement sur campus est aussi un genre de « bar à salades » de l’embauche, car il permet de répondre à de nombreux cas de figure qui peuvent sinon tourner au casse-tête pour les ressources humaines. Par exemple, les multinationales canadiennes peuvent recruter puis former des étudiants internationaux pour les employer ensuite dans leurs pays d’origine : ils ont ainsi la culture de leur terre natale, du pays où ils ont étudié et de l’organisation.

À l’inverse, les multinationales étrangères peuvent venir recruter au Canada des étudiants canadiens pour leurs filiales locales. Dans le cas où une formation très spécifique n’existe que dans un pays donné et que les universités dudit pays ne peuvent fournir assez de main-d’œuvre, les entreprises peuvent même aller jusqu’à financer là-bas la fin du cursus d’étudiants d’ici contre un engagement de quelques années de travail.

Culture d’excellence
Voilà pour les entreprises. Bien évidemment, les universités et les étudiants bénéficient aussi grandement de ce système qui améliore leur taux de placement. Mais attention, il n’est pas non plus ouvert à n’importe qui. Si le recrutement sur campus à l’international est l’apanage des plus grandes entreprises, il est aussi celui des universités les plus réputées. En outre, il y a une façon de faire pour bien tirer son épingle de ce jeu. « Il faut se faire remarquer dès le stand par son efficacité. C’est donc important de définir ses objectifs avant ce premier contact », conseille Mme Saba. « Le CV doit aussi être encore meilleur que pour un recrutement normal. »

Les profils recherchés sont très larges pour les postes offerts en local. À l’international, ce sont beaucoup de scientifiques. « Mais finalement, c’est plus un profil humain qui est visé, car on tient pour acquis que le profil académique est bon », explique Mme Saba. « On veut surtout des gens ouverts et dynamiques. Les gens qui sont impliqués dans les associations ou qui font du bénévolat sont donc très appréciés. »

À bon entendeur. Et même si vous n’êtes pas finissant, aller faire un petit tour aux journées du recrutement sur campus de votre université permet de faire un repérage pour l’année prochaine. Ou celle d’après.