Têtes grises au boulot

La conciliation retraite-travail, prochain débat de l’heure? Les plus de 65 ans sont en effet de plus en plus nombreux à occuper des emplois. Même si l’âge de la retraite reste stable (autour de 60 ans), Statistique Canada observe un taux d’activité en constante progression depuis une dizaine d’années chez les hommes et les femmes du « bel âge ». Deviendront-ils des employés convoités?
Aînés en demande
Les entreprises commencent à apprécier les qualités de ces travailleurs plus âgés, alors que l’on constate d’importantes pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs comme le commerce de détail. De grands détaillants, Wal-Mart et Tim Hortons notamment, se montrent très ouverts à cette catégorie d’employés.
Il n’est pas rare non plus d’apercevoir ces têtes blanches dans les quincailleries. Benoit Paquet, gérant de l’entrepôt et d’un magasin Rona à Montréal acquiesce : « Ce sont de bons candidats ». Il apprécie particulièrement leur sens des responsabilités. « Arriver à l’heure et prendre ses tâches au sérieux, c’est déjà beaucoup », assure-t-il.
La loyauté, la discipline, la rigueur seraient donc des qualités des travailleurs plus âgés. De nombreuses années de travail derrière eux garantissent aussi plus de compétences. « Ce sont des gens qui ont beaucoup d’expérience », réfléchit M. Paquet avant d’ajouter, « ils s’ajustent au nombre d’heures offertes, à des postes à temps partiel, par exemple ».
Dans le domaine de la vente, les années peuvent aussi ajouter de la crédibilité. Les conseils des sexagénaires pèseraient-ils plus lourd ? « Ils peuvent avoir un petit plus, mais l’important est de savoir de quoi on parle », conclut Benoit Paquet. N’empêche, un homme de 65 ans a plus de chances d’avoir rénové sa maison à quelques reprises qu’un jeune homme qui vit encore chez ses parents!
Retrouver la raison de travailler
Les intentions mêmes des gens qui retournent sur le marché de l’emploi sont un atout pour les entreprises. Des employés motivés par autre chose que le salaire peuvent apporter une autre stimulation, en plus de leurs précieux conseils.
La motivation des retraités n’est pas toujours financière. En fait, la majorité retourne sur le marché du travail « pour continuer à se réaliser » précise Karine Roussy, directrice générale du Groupe Intégration Travail (GIT), un organisme qui travaille en employabilité dans la région de Québec.
Son organisation offre des ateliers de recherche d’emploi spécifiquement pour les retraités. « Après une période d’environ deux ans où les gens se sentent en vacances, beaucoup veulent se recréer un réseau et sortir de la maison », observe Mme Roussy. Elle précise que la moyenne d’âge des gens ayant recours à leurs services est de 60 ans. Des personnes qui ne souhaitent pas encore réduire le rythme, mais qui, ayant quitté leur domaine d’activité, ne veulent pas d’un niveau élevé de responsabilités.
Rester actif mentalement et demeurer en contact avec des gens sont ainsi les deux mots d’ordre. Benoit Paquet cite l’exemple d’un employé qui travaille à l’administration de la quincaillerie : « Il a 80 ans, mais il continue à être très impliqué. C’est ça qui le garde en santé ».
Le travail, c’est la santé… même après la retraite.