Vacances ou travail? Plus besoin de choisir entre les deux avec le bleisure. Ce terme, une contraction des mots business et leisure (loisir), désigne le fait de combiner voyages d’affaires… et d’agrément. Grosse tendance…

Après les heures de formation, les visites d’inspection ou les réunions de consolidation de nouveaux contacts, c’est avec une margarita à la main et le collier hawaïen autour du cou que le travailleur d’aujourd’hui souhaite passer son temps libre lorsqu’il est en voyage d’affaires. Une nouvelle tendance nommée « bleisure », pour la contraction des termes business et leisure (loisir), un néologisme dont tirent profit 60 % des travailleurs, si on en croit le Bleisure Report 2014 publié par Bridgstreet. La majorité des 647 répondants au sondage ont déjà pris des vacances-travail.

Preuve que la tendance est à la hausse : 60 % des répondants étaient plus enclins à « bleisurer » en 2014 qu’ils ne l’étaient il y a 5 ans. La tendance deviendra-t-elle la norme ?

Les loisirs, le travail et la famille à tout prix
Le travailleur d’aujourd’hui ne fait plus de compromis : il veut voir sa famille, réussir sa carrière et prendre des vacances bien méritées dans un paradis qu’il a choisi. Le bleisure lui permet un peu de tout ça. « La conciliation travail-famille, c’est la raison numéro 1 pour laquelle nos clients embarquent », dit Julien Martel, cofondateur de Caméléo, une entreprise qui propose des voyages internationaux de formation aux professionnels de la santé. Infirmières, physiothérapeutes, pharmaciens et médecins paient ainsi pour suivre des formations utiles à leur pratique dans un décor plus enchanteur que le Sheraton de Laval en décembre.

Les médecins travaillent extrêmement fort, fait remarquer Julien Martel, et plus souvent qu’autrement, ils aimeraient être plus souvent avec leur famille. « La majorité des professionnelles sont des femmes, souvent des mamans, et se sentent coupable de travailler autant qu’elles le font. » Résultat : elles invitent toute la famille à les suivre lors de congrès de formation, que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde… Une excellente affaire pour Cameleo.

Tous les domaines s’y mettent
Julien Martel connaît bien l’industrie du voyage pour les professionnels de la santé. Mais il constate que tous les milieux s’y mettent et que la tendance est mondiale. « Partout où je vais, je le vois », signale celui qui voyage beaucoup dans le but de tester les destinations voyages qu’il propose à ses clients. Une belle manière pour lui de combiner plaisir et boulot ?

« Je suis un fan fini ! Mais ce n’est pas pour tout le monde », admet-il. Car qui dit vacances-travail dit aussi conjoint(e)s délaissé(e)s pour quelques heures par jour au moins, s’il ou elle accompagne le voyageur. Souvent, même si la formule est avantageuse (des vacances commanditées moyennant quelques heures de travail), c’est le conjoint qu’il faut convaincre. Le conjoint qui, lui, n’a pas l’impression de passer de « vraies » vacances. Parce qu’il faut l’admettre : ce ne sont pas de ces vacances où on délaisse le téléphone cellulaire, on oublie nos codes d’accès internet et on fait la grasse matinée. « On en retire des bénéfices lorsque les heures de travail sont terminées », rappelle Julien Martel.

Effets secondaires?
Malgré tous les avantages, y a-t-il un vice caché? « Évidemment, on travaille beaucoup plus !», avoue Julien Martel qui, en tant qu’entrepreneur, prend deux semaines de « vraies » vacances par année, pas plus. Comme bien d’autres travailleurs (45 % d’entre eux)*, il a de la difficulté à décrocher des courriels et des obligations de sa compagnie lorsque vient le temps de faire des vacances-vacances.

Au final, la tendance deviendra-t-elle la norme? « J’espère que non », rigole Julien Martel, qui fait tout de même du bleisure son pain quotidien.

*Une étude Regus publiée en 2013 révélait que 45 % des 26 000 professionnels interrogés (surtout des cadres supérieurs) pensaient consacrer plusieurs heures par jour au boulot lorsqu’ils sont en vacances.