En fait, c’est un peu moins, 728 000 pour être aussi précis qu’une horloge suisse. Les jeunes qui seront sur les bancs d’école lors de la prochaine rentrée scolaire en septembre (du primaire à l’université) se partageront donc 728 000 emplois d’ici 2022.

Emploi-Québec a dévoilé ses perspectives d’emplois pour les cinq et 10 prochaines années. Des 725 000 postes qui devraient être à pourvoir d’ici 2017, trois sur quatre proviendront uniquement des départs à la retraite. Autrement dit, même si la récession frappe l’an prochain, ou dans les deux années suivantes, les employeurs devront quand même y aller de quelque 500 000 embauches. Et ce chiffre tient compte du fait que certains postes libérés par de nouveaux retraités seront tout simplement abolis. Beaucoup d’employeurs profitent en effet de ces vacances pour réorganiser le travail et investir dans la technologie. Donc il est conservateur.

D’ici 2022, c’est 1,1 million d’emplois qui seront rendus disponibles aux plus jeunes, juste grâce aux départs à la retraite. À cela s’ajoute un peu plus de 200 000 emplois qui seront créés au cours de la période dus à la croissance économique. D’après l’agence gouvernementale, 56% seront hérités par des enfants encore sur les bancs d’école aujourd’hui. D’où le nombre de 728 000 en début de texte.

Facile à prédire
Oubliez le nombre d’emplois que vous promettent les politiciens en campagne électorale. Car, qu’importe leur capacité à déplacer des montagnes ou à lire dans les feuilles de thé, une seule grande force va dominer le marché du travail québécois – et canadien aussi – dans les prochaines décennies : la démographie.

Même la croissance économique, et du coup le nombre de nouveaux emplois, seront fortement influencés par 2 phénomènes : une population qui vieillit, et une population active qui diminuera dès 2018.
Déjà, peut-être pour la première fois depuis Jacques Cartier lors de sa dernière tentative d’établissement au Kanada en 1542, le groupe de 15 à 64 ans n’a pas augmenté au Québec en 2013. Sans tambour ni trompette, l’un des événements démographiques les plus importants des 400 dernières années – historique dites-vous! – a donc eu lieu l’an dernier.

Et c’est un problème : c’est dans ce groupe que le marché du travail puise l’essentiel de sa force. Il pourrait même voir le nombre de ses membres diminuer en 2014. Dans les années 2000, ce segment croissait à coup de 40 000 individus par année. Autant dire que le Québec a frappé un mur.

Rien ne sera plus pareil
Cette nouvelle donne démographique faisait dire à l’économiste Pierre Fortin que plus jamais le Québec ne serait capable de créer des emplois en nombre suffisant. Non pas en nombre suffisant pour les chercheurs d’emploi, Emploi-Québec prévoit même un taux de chômage dans les 5% en 2022. Mais plutôt pour les gouvernements : il leur manquera des contribuables.

Bref, au lieu de créer en moyenne 40 000 emplois par année, comme cela a été le cas au cours des 15 dernières années, Fortin prévoit que le Québec ne pourra en ajouter plus de 20 000 par année. Seulement si les astres économiques sont bien alignés. Et justement, comme le croit Emploi-Québec, il pourrait se créer environ 200 000 emplois entre 2013 et 2022.

Cette situation offre tout un défi aux employeurs, fonctionnaires, et élus. Emploi-Québec ne prévoit pas de pénurie de main-d’œuvre généralisée, comme les scénarios les plus pessimistes le laissaient entrevoir il y a 10 ans. Mais des régions et des secteurs d’activités pourraient connaître des pénuries de travailleurs qualifiés suffisamment sévères pour affecter leur compétitivité.

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Secteurs d’emplois les plus prometteurs pour les 10 prochaines années, selon Emploi-Québec

  • Soins de santé et assistance sociale
  • Commerce de détail
  • Services professionnels, scientifiques et techniques
  • Fabrication de matériel de transport (notamment aérospatiale)
  • Fabrication d’aliments et de boissons
  • Production minière