Que diriez-vous de vivre dans une société où tous les citoyens, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, reçoivent un revenu minimum garanti par l’état? Un revenu assez intéressant, qui permettrait d’élever le seuil de pauvreté national?

Sans doute êtes-vous sceptiques. C’était pourtant le thème d’un congrès international ayant pris place à l’université McGill le mois dernier. Des centaines de personnes de partout dans le monde se sont donc réunis afin de promouvoir la cause du revenu minimal garanti, à travers des panels d’experts, conférences, études, etc.

Le Réseau Canadien du revenu minimum y était. Jonathan Brun, son porte-parole québécois, nous en dit un peu plus sur leurs revendications.

Commençons par le commencement : Qu’est-ce que le revenu minimal garanti?

Le Réseau Canadien du revenu minimum garanti est un regroupement de personnes au Canada qui souhaitent instaurer un revenu minimum pour tous les citoyens du pays, sans discrimination. Nous croyons que chaque canadien devrait avoir suffisamment d’argent pour vivre de manière décente. Ceci étant dit, le montant exact n’est pas encore déterminé : ça dépend des modèles de chaque province, du coût de la vie, etc. Une chose est sûre : le bien-être social n’est pas assez pour survivre de manière convenable.

Ça frôle le communisme/socialisme, non?

Non, pas du tout. En fait, c’est un modèle qui plait tant à la droite qu’à la gauche, pour différentes raisons. D’une part, c’est un projet qui simplifierait grandement la bureaucratie, tout en favorisant le roulement de l’économie et la création d’emploi. En effet, ce montant d’argent serait donné à tous les citoyens, riches ou pauvres et encouragerait la consommation. De l’autre, un revenu minimum garanti est idéal pour le bien commun et élèverait le seuil de pauvreté. C’est une idée qui gagne à être connue. D’ailleurs, le ministre libéral François Blais a déjà écrit un livre sur le sujet.

Comment ce système serait-il financé?

D’une grande manière on paye déjà pour ça! Des études ont démontré que quand les gens ont plus d’argent, ils utilisent moins le système de santé (meilleure nutrition, moins d’anxiété etc.). On observe aussi une grande réduction des crimes. De plus, le modèle proposé viendrait remplacer plusieurs programmes sociaux déjà en place, en les simplifiant et en en réduisant les couts administratifs.

Un tel modèle a-t-il déjà été implanté?

Des projets pilotes ont déjà été effectués au Canada et dans d’autres pays. Le plus connu est sans doute celui ayant pris en place au Manitoba dans les années 1970, durant quatre ans. Des études ont démontré que durant cette période, le système de santé a été allégé. Fait intéressant : Il y a également eu plus de divorce, puisqu’il y avait des femmes prises dans un mariage pour des raisons financières. Il n’y a pas eu beaucoup de changement sur le marché de l’emploi, et les gens se scolarisaient plus longtemps. L’argent offre la liberté. Le projet pilote a pris fin à cause d’une série de facteurs, principalement le changement de gouvernement de l’époque.