Être artisan, c’est travailler des matériaux bruts de ses mains. Ces amateurs de concret se montrent donc souvent moins à l’aise dans le monde virtuel. Pourtant, maîtriser le numérique est aujourd’hui aussi important que de posséder des habiletés manuelles.

Bibliothèques, garde-robes ou encore commodes… Loïc Dehoux utilise le bois pour façonner des meubles contemporains sur mesure. Cet ébéniste montréalais, qui exerce avec un autre artisan en ébénisterie, utilise Facebook et LinkedIn pour faire connaître son travail. « On mise pas mal tout sur Facebook. On y annonce nos portes ouvertes d’automne et de printemps et on y publie des photos de nos réalisations », explique celui qui fait attention de publier ces contenus un peu avant midi et vers 17 h pour s’assurer de toucher un maximum de personnes. Le nombre de mentions « J’aime » obtenu est également scruté.

Un passage obligé
Cette présence sur les médias sociaux se double d’un site Internet qui génère 90 % de leur activité. Et Loïc Dehoux et son associé ont également déjà testé la plateforme Zoomission, qui met en relation des entrepreneurs et des artisans. Le duo d’ébénistes est donc actif sur Internet ! « Par rapport aux autres artisans ébénistes que l’on côtoie, on est parmi les plus avancés, constate Loïc Dehoux. Beaucoup d’entre eux sont en retard. Certains n’ont même pas de site Internet. »

Malgré ce dispositif, il continue de se sentir moins à l’aise avec les outils numériques qu’avec ceux se trouvant dans son atelier. « On est un peu dépassés par les événements », avoue-t-il. Loïc Dehoux met en avant le manque de ressources et de temps pour se consacrer à communiquer sur la Toile. « Le temps, c’est le nerf de la guerre, précise-t-il. En tant qu’artisan, nous sommes une micro-entreprise et nous faisons déjà de grosses semaines. »

Réussir grâce aux réseaux sociaux
Pourtant, miser sur les réseaux sociaux et la vente en ligne peut se révéler payant pour les artisans. Karine Foisy, qui se définit elle-même comme une entrepreneure autant qu’une artisane, en est un bon exemple. Cette enseignante au primaire, présentement en congé en maternité, s’est découvert une passion pour le verre en suivant un atelier sur cet art en 2010. Rapidement, elle a commencé à créer de ses mains des veilleuses en verre coloré. Ce qui était au départ un passe-temps s’est transformé en activité à temps plein. En 2013, elle a lancé officiellement son entreprise Veille sur toi. En quelques années, elle est passée de la vente d’une veilleuse par semaine à 300 par mois.

Une performance rendue possible… grâce à Internet. Si les veilleuses de Karine Foisy sont désormais distribuées dans 35 points de vente ainsi que sur son site transactionnel, c’est grâce à sa boutique Etsy, la plateforme de vente en ligne de créations faites main, et à sa page Facebook. « Cela n’aurait pas été possible sans ma page Facebook, qui compte présentement 12 000 adeptes, estime celle qui se sentait comme un poisson dans l’eau sur Internet avant même de se lancer dans l’artisanat. Dès le départ, j’ai pensé que l’avenir du commerce se trouvait en ligne. » Facebook donne de la visibilité à ses produits mais l’aide aussi à s’informer sur les bonnes pratiques en matière de marketing en ligne.

Etsy a également joué un grand rôle dans la réussite de Karine Foisy, qui a remporté le premier prix du concours de créateurs québécois organisé cette année par ce site américain. « Etsy est extraordinaire pour les artisans, car le site fait de la promotion pour eux, explique-t-elle. C’est donc parfait pour les artisans peu doués pour la vente. » Grâce à cette plateforme, une veilleuse en forme de raton-laveur imaginée par Karine Foisy s’est même retrouvée cet été dans le film Le Gaucher dans lequel jouent Jake Gyllenhaal et Rachel McAdams.

Chacun son métier
Le succès remporté par Karine Foisy sur Internet lui vaut de recevoir fréquemment des courriels et de messages envoyés par des artisans, demandant des conseils pour accroître leurs ventes en ligne. « Je leur dis de s’entourer de gens compétents, indique-t-elle. Il ne faut pas avoir peur de faire affaire avec un graphiste pour avoir un beau site transactionnel ou avec un photographe pour obtenir des photos de produits attrayantes. C’est un investissement payant à long terme ! »

Elle leur recommande aussi de ne pas s’éparpiller sur un trop grand nombre de réseaux sociaux. Elle est présente sur Facebook et Pinterest et songe à ouvrir un compte sur Instagram, avantageux sur le plan visuel. « Twitter ne me sert à rien, je ne saurais pas quoi écrire. Il ne faut pas hésiter à faire appel à un spécialiste ou même à un ami à l’aise avec les réseaux sociaux. »

Liens :
amikebenisterie.com
veillesurtoi.com